La Maison De La Ferté-Fresnel suivant des titres originaux qui sont dans les archives du Marquis de Chambray, père, lequel nous a fourni ce Mémoire, se partagea en deux différentes branches à la fin du XII é siècle. La branche aînée continua de jouir de la Terre, dont elle portait le nom. La branche cadette s'établit dans la Terre de Chambray, et en prit le nom ; mais pour conserver les traces du sang, que la variété des noms dans une même famille aurait pu faire perdre, les Seigneurs de Chambray tinrent en parage, cette terre des seigneurs de Ferté-Fresnel, leurs aînés et ce parage ne laissa aucun doute sur l’identité de ces deux maisons. Suivant les anciens usages de la Normandie, le parage durait pendant six degrés de consanguinité. Celui, donc il est question entre les Seigneurs de la Ferté-Fresnel et les Seigneurs de Chambray, a subsisté, sans interruption, depuis la fin du XII ème siècle jusqu'en 1528, qu'il finit par la mort de Jean de Chambray, IV. Du nom, qui remplissait le sixième degré de descendance. Lorsque la maison de La Ferté-Fresnel donna naissance à celle de Chambray, en la personne de Simon De La Ferté-Fresnel, premier Seigneur de chambray, second fils de Richard De la Ferté-Fresnel II. Du nom, et d'Enmeline de Laigle, les armoiries n'étaient pas encore fixées. On sait qu'elles ne l'ont été qu'en 1270, à la dernière Croisade : C'est ce qui fait que les armes de La Ferté-Fresnel et celles de Chambray sont différentes, car la branche de Chambray s'était formée avant l'établissement des armoiries. Auparavant ce temps-là les Seigneurs de La Ferté-Fresnel, ainsi que les Seigneurs de Chambray, usaient du même sceau, à l'empreinte duquel on reconnaissait l'authenticité de leurs Chartes. C'est ce qui se voit à six Chartes de l'an 1239, conservées à l'Abbaye de Lyre, dont trois contiennent des donations que Simon de Chambray faisait aux Moines du Désert, et les trois autres, les confirmations de ces aumônes par Guillaume De La Ferté-Fresnel, oncle dudit Simon de Chambray lequel était fils de Simon De La Ferté-Fresnel, frère aîné dudit Guillaume. Ces Chartes sont toutes scellées du même sceau, représentant une espèce de quintefeuille à branches égales, larges & rondes dans les extrémités, venant rendre en pointe au centre: c'était le sceau de Famille , les seules légendes en sont différentes. L'une porte : S, Willelmi De La Ferté-Fresnel, & l'autre: S. Simonis de Chambray Quand les Nobles prirent des armes, les Seigneurs de La Ferté-Fresnel prirent : Un aigle éployée de gueules becquée & onglée d'azur ;et les Seigneurs deChambray: d'hermines, à 3 tourteaux de gueules posés . Elles sont ainsi représentées à une Charte de l'an 1183, qui est conservée au Couvent de la Chaise-Dieu, près Laigle, par laquelle Jean de Chambray, fils se Simon, ci-dessus nommé, aumôna huit livres de rente à ce Monastère, à prendre sur la terre de Chambray en faveur de Pétronille et Odeline, ses deux filles, qui y avaient pris l'habit monastique ; et comme le droit de parage des aînés rendait les puînés dépendants d'eux dans tout ce qui était aliénation des propres, qui avaient fait anciennement le partage de la branche cadette, Jean De La Ferté-Fresnel consentit à cette aliénation, et mit son sceau à la même Charte, sur l'empreinte duquel on voit l’ aigle éployée , comme on voit les tourteaux & le champ d'hermines à celui de Jean de Chambray qui pend à la même Charte ; au lieu qu'à la génération précédente, les sceaux des deux maison étaient les mêmes entre l’oncle et le neveu et n’étaient point de sceaux d’armoiries. Après cette courte explication sur la Maison de Ferté-Fresnel, nous allons donner la Chronologie de la branche aînée jusqu'à son extinction, et on trouvera la suite de ses descendants, sous le nom de Chambray, qui est la branche cadette, et la seule qui subsiste actuellement, CHAMBRAY (de) en Normandie. Noble et ancienne maison qui tire son nom d'un château situé sur la rivière d'Yton , possédé depuis six siècles par les seigneurs de ce nom, sortis dès le douzième siècle, des seigneurs de la Ferté-Fresnel, lesquels ont conservé sur elle le droit d'aînesse ou de parage par lignage , usité dans la province de Normandie, du temps de l'ancienne coutume, jusqu'en 1628. Cette famille a fait ses preuves de la cour en 1737 et 1782, par devant les généalogistes des ordres du roi; et en vertus de ces preuves, M.Louis-François, marquis de Chambray et de Conflans, fut admis à l’honneur de monter dans les carrosses du roi, en 1757, et M. Jacques, vicomte de Chambray eut le même honneur en 1782. Aujourd’hui, les visiteurs du site de Chambray admirent un château mais ne s’imaginent pas la longue histoire qui précède cette construction. Quatre édifices ont successivement été construits au même emplacement qui représentait un intérêt stratégique. Le Moyen-Age voit s’édifier deux châteaux différents : Un manoir primitif dans lequel vit Simon 1er, premier seigneur de Chambray. La construction ayant été abandonnée, un nouveau manoir du type féodal est construit par son fils Simon II. La première chapelle est bâtie en 1239 sur l’emplacement de l’édifice actuel. Au XVIe siècle le manoir est complété par des ouvrages extérieurs ; il jouera un rôle de place forte sur la ligne de l’Iton durant la première partie de la guerre de cent ans, mais entre 1430 et 1450 il est un peu détruit, hormis la grosse tour située au nord-est du château actuel. A partir de 1450, on assiste à la construction du troisième château que l’on nommera le château du XVe siècle. Œuvre de Jean III et de son fils Jean IV, de 1450 à 1500, époque Charles VIII – Louis XII, prédécesseur et beau-père de François Ier ; ne reste visible que : la poterne d’entrée Ouest et des tours rondes ; elles formaient une enceinte fermée par des courtines aujourd’hui abattues. Le colombier situé dans les communs est de la même époque. Les cuisines situées dans le sous-sol datent également du XVe siècle. Le corps de logis principal, façade orientée à l’Ouest rejoignait la chapelle, achevée vers 1500. Il a disparu en même temps que se construisait le château du XVIe siècle. Le style architectural change : si l’aspect défensif est encore prononcé, le côté esthétique prend lui plus d’importance grâce à l’harmonie de la brique rose et de la pierre blanche. La chapelle actuelle voit le jour entre 1490 et 1500. Elle se caractérise par une grande sobriété architecturale : une masse blanche coiffée d’un élégant et mince clocher d’ardoises. La façade, toute de pierre de taille, offre un portail au centre surbaissé, encadré de moulures gothiques. Au-dessus, une statue de Saint Laurent, patron des lieux, se dresse entre socle et dais. Aux rampants du toit, les traditionnels crochets ou feuillages frisés sont remplacés par des animaux inattendus : un porc et crapaud … A la fin du XVIe siècle, Le baron Gabriel de Chambray, seigneur de Chambray en 1560, date de 1578, année de son mariage avec Jeanne d’Angennes mais les travaux ont commencé vers 1590 à l’époque d’Henri IV, au-dessus de l’aile basse où se trouvaient les cuisines. La demeure du XVe existait encore et servait d’habitation. Elle fut démolie au début du XVIIIe siècle. La façade du château est représentative des constructions de la fin du XVIe siècle : maçonnerie de briques rouges avec des baies. Les corniches, bandeaux et cartouches semés çà et là sur les trumeaux sont en pierre de taille blanche. L’escalier central à l’intérieur est également très caractéristique de toute la renaissance française avec des fenêtres secondaires à meneaux cruciformes. Des meneaux semblables devaient exister sur la façade à toutes les fenêtres, les travaux du XVIIe les ont ôtés, la restauration du XIXe n’en a donné qu’aux lucarnes Les deux bustes en haut relief de Nicolas de Chambray et de son épouse Bonaventure de Prunelé terminent la remarquable décoration de l’ensemble. Sous Henri IV la construction prend la forme d’un logis rectangulaire surmonté d’une toiture à quatre pans. Une des particularités du château réside dans l’escalier central caractéristique de la période Renaissance. Sous Louis XIV, c’est Nicolas*-François de Chambray qui termine au début du XVIIIe le nouveau château pour la partie Est et achève la démolition de la demeure du XVe siècle, isolant ainsi la chapelle. Il fait placer le buste et les armes de Nicolas de Chambray et de sa femme Bonaventure de Prunelé, sculptures du XVIe siècle prises à la façade du logis précédent. Le buste de Nicolas a encore été déplacé au XIXe siècle. Nicolas-François fait également raser les courtines des côtés Sud et Ouest pour dégager les vues du château sur le parc qu’il fait dessiner et planter en grandes perspectives rayonnantes dans le style du temps à partir de 1720. Au bout d’une de ces allées plantées de thuyas (abattus par la tempête du 26 décembre 1999), il édifia la petite chartreuse en 1740, où il se retira pour les dix dernières années de sa vie, après la mort tragique d’un de ses fils. Pendant la Révolution, le château est pillé, le domaine de 400 hectares est fractionné en une multitude de lots et vendu en 1794 aux acquéreurs de biens nationaux. En 1802, Jacques de Chambray ayant participé aux guerres de la chouannerie et servi sous Bonaparte rentre à Chambray en 1803. Il reconstitue le domaine en grande partie vendu et restaure le château dont l’intérieur a été dévasté et les meubles volés. Il achète le presbytère et fait reconstruire l’église de GOUVILLE. A la même époque, il commande la construction de la ferme qui constitue un ensemble architectural remarquable. Entre 1810 et 1825, il fait construire la ferme du château qui abrite aujourd’hui les sections BTSA et le pressoir, ainsi que les fermes d’Aigremont (1821) ; du Cormier (1825) et le moulin de Varenne (1825). Entre 1870 et 1885, Jacques de Chambray dit "le Grand Veneur" fait édifier la tour cylindrique du Nord-Est, le pavillon d’angle au Nord-Ouest sur des soubassements du XVIe et les pavillons d’angle encadrant la façade Sud qu’il fait orner de hautes lucarnes à meneaux en 1835. Après suppression de la sacristie de la chapelle, la porte est murée et on place à cet endroit un fac-similé en marbres de diverses couleurs du tombeau élevé dans l’église de Saint Jean de Malte à Jacques-François de Chambray dit le Bailli de Chambray, vice-amiral de l’Ordre de Malte et frère cadet de Nicolas-François. Les dernières courtines du côté Ouest sont abattues et remplacées par des balustrades en brique bordant la terrasse sur laquelle fut placée en 1884 la statue en bronze commémorant la prise du 1000è cerf par l’équipage de Chambray. L’ensemble du monument est inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques depuis novembre 1971. Par ailleurs les parcs environnant le château sont classés au titre des sites naturels. La commune de GOUVILLE remercie tous les participants à l’histoire du château de CHAMBRAY, articles ou modifications de l’arbre Participants Monsieur Michel PINCHON Monsieur Gilbert WYCKE |